Strabic, en partenariat avec le blog Archipostcard de David Liaudet, vient de recevoir une nouvelle carte postale...
Des diagonales.
D’abord celle bleue de la mer. Vient naturellement l’envie de celle jaune doré du sable puis sans doute celle de la terre.
Soudain des dents de scie blanches viennent à la fois rompre et suivre le trait de côte. C’est la côte vermeille à Port-Barcarès où Georges Candilis, membre de Team 10, a construit un important ensemble de logements et de structures pour les vacances.
L’évidence du plan répétant son motif construit ne doit pas faire croire à un ennui ou pire à une indifférence de ce qui se joue là. La répétition ici est celle parfaitement étudiée d’un module architectural qui interprète toutes les préoccupations modernistes de l’architecte : l’espace, le rapport au paysage, l’ensoleillement maximum, le jeu entre espace privé et public.
Certes, l’image est celle d’une égalité formelle mais c’est bien sur cette égalité, celle du droit aux loisirs, aux vacances, que Georges Candilis construit sa théorie et sa pensée d’un tel objet architectural.
Il est question de ménager ce droit dans le respect de la nature, du paysage et donc du désir de vacances. Il y a le ciel, le soleil et la mer pour reprendre la chanson. Savoir faire d’une présence de ces éléments un droit est un acte politique et architectural qui réclame une pensée dépassant le seul profit immobilier qui ne peut à lui seul gérer la masse et ses désirs.
Dans son livre Recherches sur l’architecture des loisirs [1], Georges Candilis reproduit une photographie du village d’Avilcar en Cappadoce en Turquie. La référence – et j’ose – la révérence à cette architecture vernaculaire est totale. Tout ici à Port-Barcarès fait signe à cet autre paysage méditerranéen : les toits en terrasse, l’étalement vertical et horizontal en suivant les courbes du terrain, la multiplication visuelle d’un module et le très beau jeu des ombres et des lumières sur des surfaces blanchies par un soleil maîtrisé.
Il faudra aujourd’hui regarder Port-Barcarès comme l’un des plus éminents héritages de cette pensée fondée d’abord sur l’homme comme utilisateur d’un lieu, d’un moment, avec comme souhait d’aimer ce lieu et ce moment.
C’est l’une des plus intelligentes architectures du partage (donc des loisirs).
Remercions les éditions SL de nous offrir par cette carte postale l’occasion de dessiner à nouveau ce projet.
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