Elsa Fauconnet : la Colline du Diable

Abécédaire constitué par Elsa Fauconnet.

Elsa Fauconnet est une jeune artiste française. À partir de la gravure, de la vidéo et de la photo, elle interroge les images dites du « réel ». Sous la forme d’un abécédaire, elle présente ici sa démarche et, plus précisément, le travail qu’elle a réalisé à l’occasion de "Géographies nomades 2012", l’exposition des félicités des Beaux-Arts de Paris.

Archéologie

Je conçois des images comme des vestiges au sein d’une « archéologie poétique » : lorsqu’il est déterré, un vestige est une donnée concrète, mais il nécessite dans le même temps une interprétation et fait appel à l’imaginaire. Ainsi le réel sort de son état stable et active en permanence des départs de fictions. Une maquette, une vidéo et des gravures retracent l’archéologie refoulée d’un territoire à travers les témoignages de ses habitants.
Tous ces objets communiquent et suscitent une réflexion sur la mémoire et les lieux. Ils mélangent fiction, archives, documents et se présentent ainsi comme des pièces à conviction dont le degré de réalité fait question. Le spectateur s’interroge sur la nature réelle, l’existence et l’histoire de Teufelsberg.

Berlin

Colline du diable

Teufelsberg est une montagne artificielle érigée dans le Berlin d’après-guerre à partir des gravats de la capitale détruite. Une entreprise destinée à recouvrir l’université nazie de recherche des technologies militaires, conçue par l’architecte Albert Speer. Au sommet, un centre d’espionnage américain, aujourd’hui abandonné, symbolise l’époque de la guerre froide. Depuis, les projets avortés se sont succédés : piste de ski, complexe hôtelier, école de méditation transcendantale fondée par David Lynch... Désormais, la colline est un parc d’agrément dont la charge historique tend à s’estomper dans la mémoire des riverains.

Dômes géodésiques

Espionnage

Elsa Fauconnet - gravure centre espionnage

F

G

Histoire

Le projet la Colline du Diable questionne la structure narrative de l’Histoire : comment reconstruire l’Histoire à partir du présent dans lequel nous nous situons ? Dans ce projet l’Histoire est perçue comme une structure fragmentée et lacunaire au sein de laquelle la fiction est un motif qui constitue le réel. L’imaginaire, ici, est l’outil qui déterre le refoulé historique enfoui par les arpenteurs de ce lieu.

Un réagencement de plusieurs pièces collectées lors de mes recherches : images d’archives, de Google Earth, de géo-modélisation, images filmées sur les lieux et images mises en scène, entretiens audio… La vidéo élabore une constellation dans laquelle le récit est aussi bien dans l’image qu’entre les images, dans le rapport que celles-ci entretiennent les unes avec les autres. À l’image d’une étoffe froissée, les récits et les époques se replient les uns sur les autres, se télescopent, et les images s’agencent de façon nouvelle. L’histoire s’énonce à travers cette mise en résonance des différentes strates historiques qui composent le paysage de Teufelsberg.

I

J

K

L

Mémoire cache

N

O

Paysage

Teufelsberg - image d'archive

« Pour moi c’est le symbole de quelque chose que tu veux oublier. Que tu ne veux pas montrer. Mais du coup c’est très étrange de vouloir oublier quelque chose et en même temps que ça devienne une protubérance plutôt que vraiment l’enterrer en dessous. »

Extrait de la vidéo La colline du Diable, témoignage de Marie Sommer, 30’, HD, 2012.

Q

Ruine

Teufelsberg

Elsa Fauconnet - Teufelsberg

Teufelsberg a la spécificité de s’être construite à travers différentes perceptions et rôles attribués à la ruine. En effet, dans un même espace s’agencent la ruine du centre d’espionnage de la guerre froide, lui-même bâti sur les ruines amassées de Berlin recouvertes désormais de végétation. Et enfin, enfouie, la ruine de l’université de recherche de technologiques militaires nazie dont Speer avait élaboré les plans et à propos de laquelle il avait développé sa "théorie de la valeur des ruines".

Strates

Maquette de Teufelsberg

Maquette, (papier, carton), 86x121x30 cm, réalisée avec Jean-Baptiste Desmas, 2012.

Teufelsberg

« Je pense que le nom est en rapport avec une histoire triste. Que la colline a été construite pendant la deuxième guerre mondiale mais pour moi elle représente rien de particulier. C’est juste une jolie nature que l’on peut apprécier, on peut aller nager, faire du vélo et pleins d’autres trucs.

Le lieu t’a t-il parfois effrayé ?

Mon père m’a parfois raconté des histoires...

Quel genre d’histoires ?

Des histoires effrayantes qui donnent des frissons sur Teufelsberg. Où le diable aurait vécu dans la colline. Quand j’étais petit j’avais peur mais plus maintenant. »

Extrait de la vidéo La colline du Diable, entretien avec un enfant se promenant à Teufelsberg, 30’, HD, 2012.

Université

Elsa Fauconnet - gravure université Nazie

V

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Images et vidéos : © Elsa Fauconnet

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