Les nouveaux potiers de Corinthe
Nul n’est censé ignorer la mythologie. Toutefois, pour bien comprendre ce qui se joue, ou se rejoue, à la Galerie Accro Terre à partir de ce soir et jusqu’au 13 avril prochain, rappelons ce récit fondateur :
« La plastique. Le premier ouvrage de ce genre fut fait en argile par Dibutade de Sicyone, potier de Corinthe, à l’occasion d’une idée de sa fille, éprise d’un jeune homme qui allait quitter la ville : celle-ci arrêta par des lignes les contours du profil de son amant sur le mur à la lumière d’une chandelle. Son père plaqua ensuite de l’argile sur le dessin, auquel il donna du relief, et fit durcir au feu cette argile avec les pièces de poterie. » (Pline, Histoire Naturelle, XXXV, 43)
Ainsi Graphmique, collectif de huit jeunes graphistes, photographes et céramistes que nous avions déjà remarqué l’an passé lors de leur première expérience, réactualisent à leur manière ces antiques et amoureuses collusions entre terre et trait.
Cette année, ce sont deux binômes graphiste/céramiste qui ont investi les sentiers de la transdiscplinarité pour livrer d’inclassables objets, à force d’échos, d’emprunts et d’autres correspondances cryptées. D’un côté, la joute Sébastien Dégeilh / Francine Triboulet accouche de micro-architectures comme figées dans leur chantier. De l’autre, la friction Vincent Gebel / Marit Kathriner est canalysée (catalysée ?) par des règles du jeu qu’on croit pouvoir deviner.
Pour nous en convaincre, filons sans tarder au 11 rue Émile Lepeu, Paris 11e !