L’imaginaire urbain des internets

Écrit par Loup Cellard.

Depuis la naissance de l’Internet puis du web, la métaphore spatiale appliquée au réseau n’a cessé de fleurir dans le discours des ingénieurs, intellectuels, artistes ou politiciens qui l’ont façonné, soutenu, commenté ou critiqué. En effet, « on se rend » sur le web comme au café du coin, dérivant de « site en site » à la recherche de perles numériques. Alors vagabondez, chers lecteurs, au vent des quelques hyperliens suivants.

Éloge du flaneur (errance, parcours, chemins de traverses et de navigation) :
Flânerie baudelairienne et errance surréaliste comme ancêtres de la navigation web.
● La dérive situationniste de Guy Debord comme méthode pour réenchanter le monde (numérique ?).
La mort du cyber-flâneur où comment le « web de plateforme » a tué la sérendipité inhérente au web, par Xavier de la Porte.

L’Internet, cette ville utopique :
La New Babylon de Constant, ville du désir illimité.
● Le web comme Zone Autonome Temporaire (les TAZ de Hakim Bey), espace de liberté des utopies pirates.
● Dans les années 1920, Paul Otlet et Le Corbusier avaient imaginé La Cité Mondiale, gigantesque ville dédiée à la sauvegarde et à la mise en connexion de tous les savoirs humains (anticipation de la réserve de savoirs qu’est le web).

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Art et design à l’assaut de la ville connectée :
● Le mouvement d’architecture Archigram avec ses Computer City et Plug-In City : villes gonflées par les réseaux de communication, métaphores informatiques et société de consommation balbutiante.
● Le studio de graphisme Metahaven qui réinterprète dans une vidéo le projet utopique New Babylon de Constant.
● Dans les 90’s, on créait ses pages web sur GeoCities et chaque « colon » (homesteader) appartenait à un quartier du réseau : deletedcity.net par le designer Richard Vijgen (image ci-dessus).

Un territoire gonflé par l’Internet des objets, l’impression d’3D et les smart grids :
Le World Game de Buckminster Fuller, où l’établissement d’un réseau énergétique à l’échelle mondiale grâce à la computation informatique.
● Pour un réseau « pair-à-pair » de partage d’énergie et de ressources matérielles imprimées à domicile, suivre les conseils du prospectiviste Jeremy Rifkin.

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L’imaginaire urbain de l’Internet est sur Strabic :
● Archéologie de Google Maps : Aspen Interactive Movie Map par Tony Côme.
● Spatialisation des rapports sociaux numériques, L’entre-nous par carte par Nidia Linhares.
● Lorsque Google Maps sera un ghetto blaster, une fiction de Loup Cellard.

Ouvrages :
● Pour une archéologie de la réalité virtuelle, des espaces en 3D et de la spatialité du monde numérique voir Le Langage des nouveaux médias, Lev Manovich, Presses du réel, 2010. En particulier le chapitre intitulé “L’espace navigable”.
● La première anthologie des tentatives de cartographie du web, Atlas of Cyberespace, Martin Dodge and Rob Kitchin, Addison-Wesley, 2001.
● Une brillante étude sur l’imaginaire du voyage sur Internet, Circumnavigations, Stéphane Hugon, CNRS Editions, 2010.
● Les enjeux socio-économiques de l’Internet décortiqués au prisme de de la géographie, Internet, changez l’espace, changer la société, Boris Beaude, Fyp Editions, 2012.

Texte : Creative Commons. Images dans l'ordre : deletedcity.net, projet de visualisation du réseau GeoCities de Richard Vijgen, en fin d'article, un détail de la cartographie de l’Internet du graphiste Martin Vargic.

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