Afin de nous plonger dans l’univers de la science fiction et plus particulièrement des couvertures de livres dédiés à cette littérature, commençons par regarder le générique du dernier film de Jared Hess (Gentlemen Broncos), qui rassemble avec justesse ces deux éléments. La musique signée Zager and Evans, In the Year 2525 (Exordium and Terminus), mérite d’être souligné par sa réussite littéraire, commerciale et contextuelle : récit d’anticipation pertinent sous forme de crescendo apocalyptique, sortie en 1969 alors que Neil piétinait la mer de tranquilité ; la classe américaine.
Vidéo générique de Gentlemen Broncos
Le décor est planté, regardons comment est décrit la science-fiction par notre webmaster à tous, wikipedia, pour prolonger ce moment de divertissement : une représentation répandue que l’on trouve dans les dictionnaires dépeint la science-fiction comme un genre narratif qui met en scène des univers où se déroulent des faits impossibles ou non avérés en l’état actuel de la civilisation, des techniques ou de la science, et qui correspondent généralement à des découvertes scientifiques et techniques à venir. Certes, l’imaginaire technologique est largement illustré à travers l’univers SF, que ce soit au cinéma : Lucas, Méliès, Tron, Kubrick, Besson et consorts ; en littérature : Jules Verne et compagnie ; ou encore dans la peinture : De Vinci, Gustave Moreau et le symbolisme, le surréalisme, la peinture métaphysique ou la bande dessinée. Cependant, en observant ces images à travers le prisme du design nous pouvons voir les couvertures de romans SF comme une source iconographique d’hypothétiques, de futurs, de possibles objets fantasmés. Ces visions de l’avenir sont un point de départ pour comprendre les futurs désirs et comportements, s’y intéresser en terme formel ou bien les dépasser.
Couvertures issues du site http://ski-ffy.blogspot.com/, qui référence les éditions SF "vintage"
Parmi les couvertures, il semble intéressant d’en relever cinq contemporaines, pour voir à travers le spectre de l’illustration une vision des objets potentiels de demain à partir d’aujourd’hui. En d’autres termes, là où la SF émet des hypothèses sur ce que pourraient être les objets dans le futur ou des univers inconnus (planètes éloignées, mondes parallèles, etc.), en partant des connaissances actuelles (scientifiques, technologiques, ethnologiques, etc.). Relevons les applications d’architecture et de design que nous proposent certaines couvertures de SF : l’imaginaire des objets sans la contrainte technique, l’invention sans la conception. Le choix s’est porté de manière arbitraire sur "Les grands classiques de la science-fiction".
1 — Loterie solaire - Philip K Dick (1955) - société — édition "J’ai lu".
Par souci d’équité, c’est la loterie qui détermine périodiquement le maître du monde. Mais le nouveau gagnant va rapidement comprendre que le système a été largement corrompu.
2 — Le cycle des guerriers du silence - Pierre Bordage (1993 à 1995) - société — édition "J’ai lu".
Les guerriers du silence (1993) Terra mater (1994) La citadelle Hyponéros (1995)
L’humanité est confrontée à une race extra-terrestre dotée de pouvoir mentaux très puissants, qui souhaite lui imposer une religion cruelle.
3 — À la poursuite des slans - A.E Van Vogt (1940) - société — édition "J’ai lu".
La vie sur terre voit émerger des humains dotés de nouvelles capacités mentales, quelque uns d’entre-eux pourchassés par les hommes tentent de survivre.
4 — La geste des princes-démons - Jack Vance (1964 à 1981) - aventure — édition " Le livre de poche".
Le prince des étoiles (1964) - La machine à tuer (1964) - Le palais de l’amour (1967) - Le visage du démon (1979) - Le livre des rêves (1981)
Un jeune garçon, qui a vu sa famille massacrée, décide de consacrer sa vie à mettre tous les responsables de ces assassinats hors d’état de nuire.
5 — Les monades urbaines - Robert Silverberg (1974) - société — édition " Le livre de poche".
Face à l’explosion démographique, les hommes vivent à présent dans des tours de 1000 étages qui constituent de véritables cités.
Nous pouvons donc, à travers ces cinq illustrations, dresser un rapide portrait des objets portés par nos imaginaires technologiques : l’ordinateur sera transparent, tactile et en apesanteur. L’énergie sera dématérialisée. L’inéluctable gravité sera dépassée par la matière. Le pouf de notre salon ne touchera plus le sol, tout comme notre hyperimmeuble. Les contrôleurs Ratp ne négocieront plus. Notre salon donnera sur le Lightning field de nos immeubles célestes. Et le diable sera toujours en liberté.