Épisodiquement, dans cette saison célébrant le fossile et le croulant, il serait peut-être bon de s’éventer d’un peu de fraicheur : sirotons donc les paroles d’une effrontée mamie comme on les aime !
Strabic vous sert quelques-unes des lettres de « rouspétance » d’Ernestine Chassebœuf, écrites à tout va, au monde qui tourne tout seul, à Messieurs JC Decaux ou Belin, Messieurs Carrefour ou Mousquetaires, banquiers ou imprimeurs.
Ernestine Chassebœuf,
Le 18 juin an deux mille et trois
49320 - Coutures
dans le Maine-et-Loire
à Imprimerie Floch
à Mayenne dans la Mayenne
Monsieur le directeur,
Jules Mougin, c’est mon voisin et ami, m’a offert un livre de Jacques Vallet qui est aussi un ami à lui, c’est un roman policier, Une coquille dans le placard, ça s’appelle. J’ai pas été déçue par le livre sauf que les pages se sont mises à se décoller et que ça m’a étonnée de la part d’un livre de poche récent à 9 euros. Je croyais que la fabrication des livres faisait des progrès et ça m’a bien déçue. J’ai acheté le numéro 1 du livre de poche en octobre 1952, je peux vous dire qu’il tient toujours le coup, comme papier. Comme histoire, c’est Koenigsmark, ça tient plus le coup du tout, mais vous n’êtes pas responsable de ça, vous c’est juste le papier, l’encre et la colle.
J’ai vérifié, c’était imprimé par Brodard et Taupin qui sont en Mayenne comme vous, peut-être vous pourriez leur demander avec quoi ils fabriquent leur colle. Si c’est une préparation tope secrète et qu’ils veulent pas vous renseigner, écrivez-moi, j’en fais une avec de la farine et des têtes de poissons, elle pue un peu mais elle colle bien, je pourrai vous recopier la recette.
En attendant que vous appreniez à fabriquer des livres de poche solides et pas chers, j’espère que ma lettre vous trouvera de même,
Ernestine Chassebœuf
