Des militaires à l’ESADSE

Écrit et illustré par Lucile Sauzet

Dans les anciens bâtiments de la Manufacture Royale d’Armes, les étudiants en 2e année design de l’École Nationale d’Art et de Design de Saint-Étienne réfléchissent autour d’un sujet donné : les militaires.

Le but n’est pas le design militaire.
Les étudiants de l’ESADSE explorent plutôt leur vision quotidienne, intuitive et immédiate du monde militaire. Leur recherche doit aboutir à une production plastique (objet, affiche, vidéo…) qui matérialise et communique leur point de vue.

Alors ces militaires, grosses brutes ou soldats sexys ?


Bataille Navale revisitée de Lauren Moullet.


Sans titre de Géraldine Biard.

Les militaires sont mystérieux.
Pour ces étudiants, la vie en caserne reste une notion vague, basée sur des récits et des rumeurs. Le matériel militaire technologique de pointe demeure inaccessible, les informations le concernant étant difficiles à obtenir. Le design militaire arrive avec un décalage temporel chez les civils, ce qui donne lieu à des déplacements de sens.

Pour cette jeune génération, les militaires n’ont pas un rôle a priori déterminant. Ils semblent appartenir à l’Histoire. Ils sont tout de même très présents dans leurs références iconographiques : films de guerre et livres d’histoires.

À ce jour, ils s’avèrent être plus perçus dans la démonstration que dans l’action. Le défilé du 14 Juillet montre une image traditionnelle, presque pittoresque des militaires et nous fait oublier un instant leur rôle guerrier.

Pour certains, ils appartiennent au décor, avec des qualités qui relèveraient presque de la mode vintage.


L’opération extérieure de Carol Landriot.


Le sens réfuté de l’action militaire de David Ha.

Étrangement, les militaires fascinent.
Leur attirail optimisé, leur costume de camouflage en font des spécimens étranges. Chacun s’est approprié depuis l’enfance cette imagerie dans les figurines pour petits garçons, les armes en plastique...

Elle a fait partie de l’imaginaire des jeux de terrain.
Ces expériences personnelles ou constatations actuelles sont à la base de la réflexion. Certains sont nostalgiques de la bataille navale et revisitent ce jeu d’enfant. D’autres inventent des jeux méchants qui accentuent notre culpabilité, en détournant la violence en activité ludique. Dans cette logique, le pistolet, source de fascination malsaine, est ici transformé en objet de plaisir, engendrant la vie...


Pistolet à procréer de Lucile Sauzet.

texte : creative commons - images : © Lucile Sauzet

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