Le jeune designer Guillaume Bloget étudie actuellement à l’ENSCI. Dans le cadre d’un atelier mené le semestre dernier, il devait révéler “l’esthétique numérique” d’un dispositif couplant une Kinect au logiciel Skanect. De là est née une réflexion inédite sur la basse définition...
Dans les années 1930, les téléviseurs manquaient énormément de contraste. Technologiquement, on était incapable de restituer certaines couleurs. Les speakerines devaient se maquiller en conséquence…
Guillaume Bloget ravive cette histoire avec des techniques contemporaines :
« La Kinect est une caméra dotée d’un capteur de profondeur, explique le designer. Lorsqu’elle est combinée à Skanect – logiciel de post traitement d’un scan – on obtient un scanner 3D low-cost. La performance a effectivement ses limites : il est impossible d’obtenir une restitution fidèle et complète, la copie présente des défauts par rapport à l’original. Je m’intéresse alors à la “basse définition” que je définis comme étant la diminution de la matière numérisée laissant place à l’expression formelle du logiciel.
Je diminue la résolution du scan dans Skanect, le maillage et les couleurs sont simplifiés. On voit alors apparaître des objets avec une réelle “autonomie esthétique”. La “basse définition” fusionne les éléments entre eux. Lors de cette synthèse les formes et les couleurs se confondent. À l’image de la peinture, l’ensemble s’harmonise. Je prends le parti de réaliser une série de vases car c’est le stéréotype de l’objet ornemental dont la surface est traditionnellement support de divers motifs tels le dessin ou les techniques d’émaillage. La Kinect me permet de partir de la réalité, du langage naturel pour déclencher le dialogue avec l’ordinateur, son langage formel.
Je produis des maquettes en papier coloré. Elles sont volontairement précaires, ce sont des feuilles roulées jointes par du scotch ou des éléments de rebut réassemblés. Je commence par une ébauche spontanée, celle-ci contient déjà l’essence de l’objet à venir, plus tard révélé par l’action de la “basse définition”. Le scotch qui permet de joindre les feuilles se transforme en élément décoratif. Ce processus est une combinaison complémentaire entre la matière physique et virtuelle. Il réintroduit le geste dans la conception numérique et facilite son accessibilité. »