Lundi soir dernier, pour le vernissage de la nouvelle exposition permanente "Paris, la métropole et ses projets" au Pavillon de l’Arsenal, la carte était un invité de choix.
Tout d’abord, dans les 800 m2 du rez-de-chaussée, le visiteur piétine sans cesse toutes sortes de plans de Paris, de schémas directeurs de la métropole, et autres représentations graphiques du territoire. Bien entendu, ces visuels sont appropriés à l’analyse à l’échelle urbaine. Mais étrangement, ces cartographies semblent avoir remplacé l’arsenal d’outils classiques de communication du travail de l’architecte. Les bâtiments sont représentés principalement via des photographies ou des perspectives extérieures et plans, coupes et élévation ont presque disparu de l’exposition. Ce qui compte désormais semble être l’intégration du bâti dans le tissu urbain, et assez peu l’espace intérieur. Dommage.
Mais la véritable "star" de la soirée, celle dont tous les médias ont parlé et qui est présentée comme l’innovation majeure de cette exposition, c’est la "maquette numérique", baptisée Paris métropole 2020.
Alors, de quoi s’agit-il ?
37 m2 d’écrans donc, pour ce Google Earth de Paris qui mêle projets à venir et promenades thématiques. Si la volonté pédagogique de montrer aux habitants le futur de la ville peut être louable, il soulève tout de même un certain nombre de questions.
Tout d’abord, s’agit-il encore d’une maquette si par définition la maquette est en 3 dimensions alors qu’ici nous restons dans le plat des écrans ? N’est ce pas plutôt une carte qui va un peu plus dans l’épaisseur du tissu urbain en incluant des représentations en volume ?
De la même façon, le choix d’installer ce dispositif à l’horizontale au cœur du patio, en lieu et place de l’ancienne maquette en plâtre, n’est pas sans implication sur son accès visuel. En réalité, au rez-de-chaussée, on voit mal, la superficie des écrans est trop grande pour que l’on puisse correctement embrasser la ville du regard sans risquer la nausée. Il faut donc monter à l’étage, sur la passerelle, en mettant de côté l’exposition temporaire qui y prend place. Difficile alors d’utiliser les tablettes de commandes numériques qui sont restées en bas... Il ne nous reste plus qu’à être spectateur de la navigation d’un inconnu.
L’idée que ce soit un "outil participatif" semble aussi à discuter. Cet aspect semble ne se limiter qu’au fait de soumettre au Pavillon de l’Arsenal - et donc à Google - des bâtiments que l’on a soi-même numérisé ou modélisé en 3D... La carte est donc évolutive, mais foncièrement sélective et assez peu participative.
Finalement, le pire à craindre ici réside dans une certaine normalisation, ou plutôt un formatage, de nos représentations cartographiques de la ville. Si Google n’est pas sans mérite dans ce travail de lisibilité, ne risque-t-on pas d’assécher les façons de voir la ville en appliquant le même système visuel partout ? Le même type de navigation ?
Ne doit-on pas s’acharner à proposer d’autres modalités de visibilité de l’urbain ?
PAVILLON DE L’ARSENAL - Centre d’information, de documentation et d’exposition d’urbanisme et d’architecture de Paris et de la Métropole parisienne. Du mardi au samedi, de 10h30 à 18h30, et le dimanche de 11h à 19h. Entrée gratuite. 21, boulevard Morland 75004 PARIS.