Il y a quelques mois, la ville de Paris lançait l’appel à projet « Mobilier urbain intelligent », où il était question de dynamiser trottoirs, potelets, bancs et abribus désespérément « inertes »…. Comprendre « numérique » pour « intelligent », et « interactif » pour « vivant » : notre bonne vieille capitale haussmannienne fait honte, à l’âge de la Ville 2.0.
Les résultats de ce vaste appel à projets sont publiés sur le site de la Mairie de Paris. De la « smart borne sur candélabre » à la « borne muséographique pour cimetière », en passant par « le smart phone géant décodeur de ville », la question du terme intelligent se pose petit à petit. Pire, que penser face à ce banc « augmenté » qui indique au passant ses places disponibles sur smart phone grâce à une puce RFID intégrée aux assises ? Ou ces « visioconférences de borne à borne du E-village » qui permettent à des passants de se parler dans la même rue…à travers un écran.
Outre une pauvreté formelle consistant à implanter à tout bout de champs des écrans tactiles géants, réglant ainsi définitivement son compte à la question du mobilier urbain, la grande question de l’usage public des nouvelles technologies se pose. Gadgets géants ou nouvelles possibilités de vie ?
Heureusement, quelques projets sortent (un peu) du lot, qui tentent de repenser l’énergie lumineuse urbaine, les stations de transports multimodales, ou les espaces de jeux libres, redonnant ainsi son sens au caractère « vivant » de la ville. Mais la folle inventivité qu’on attendrait de ce type d’appel à projets manque toutefois. Le champ exploratoire reste donc ouvert, pour que l’ère du numérique ne devienne pas celle où on a besoin d’un smart phone pour s’asseoir sur un banc.