Se baigner dans la Mare Vaporum, randonner dans les Apennine Hadley, skier dans les Smoky Mountains, descendre en canoë dans le Big Sag, marcher sur les pas de Neil Armstrong dans la zone d’alunissage d’Apollo 11 ou partir en excursion dans le Crater Copernicus... Pour clore cette saison galactique, Strabic a sélectionné pour vous les meilleurs circuits de Grande Randonnée Lunaire dans l’Atlas Géologique de la Lune. Pour ne pas nous perdre, nous avons suivi le journal de bord d’un vieux routard de la lune et ses conseils les plus étoilés. Rencontre fortuite entre l’USGS Geologic Atlas of the Moon (1965-1979) et Les États et Empires de la Lune de Cyrano de Bergerac (1657).
Quand j’eus percé, selon le calcul que j’ai fait depuis, beaucoup plus des trois quarts du chemin qui sépare la terre d’avec la lune, je me vis tout d’un coup choir les pieds en haut, sans avoir culbuté en aucune façon.
À peine, quand je fus relevé, eus-je remarqué les bords de la plus large de quatre grandes rivières qui forment un lac en la bouchant […] ; les petits cailloux n’étaient raboteux ni durs qu’à la vue : ils avaient soin de s’amollir quand on marchait dessus.
Je rencontrai d’abord une étoile de cinq avenues, dont les chênes qui la composent semblaient par leur excessive hauteur porter au ciel un parterre de haute futaie. En promenant mes yeux de la racine jusqu’au sommet, puis les précipitant du faîte jusqu’au pied, je doutais si la terre les portait, ou si eux-mêmes ne portaient point la terre pendue à leur racine.
Là, de tous côtés, les fleurs, sans avoir eu d’autres jardiniers que la nature, respirent une haleine sauvage, qui réveille et satisfait l’odorat ;
là l’incarnat d’une rose sur l’églantier, et l’azur éclatant d’une violette sous des ronces, ne laissant point de liberté pour le choix, vous font juger qu’elles sont toutes deux plus belles l’une que l’autre ;
là les ruisseaux racontent leurs voyages aux cailloux ;
À côté de ce bois se voient deux prairies, dont le vert gai continu fait une émeraude à perte de vue.
On prendrait cette prairie pour un océan, mais parce que c’est une mer qui n’offre point de rivage, mon oeil, épouvanté d’avoir couru si loin sans découvrir le bord, y envoyait vitement ma pensée ; et ma pensée doutant que ce fût la fin du monde, se voulait persuader que des lieux si charmants avaient peut-être forcé le ciel de se joindre à la terre.