Après la Première Guerre mondiale, alors que le tennis féminin se professionnalise avec la création des fédérations et des tournois, les tenues des joueuses restent plus élégantes que pratiques.
Les tenniswomen sont à cette époque presque couvertes de la tête aux pieds, ne montrant que leurs chevilles et avant-bras. Elles jouent avec chapeaux, bustiers, cravates, jupons et robes à flanelles. Le but étant davantage de se montrer bien habillées - en raison des origines aristocrates du tennis - que d’effectuer réellement une performance sportive.
Mais en 1921, Suzanne Lenglen, dite « La Divine », alors championne internationale de tennis, apparaît sur le court de Wimbledon habillée d’une jupe plissée de soie blanche s’arrêtant au-dessus du genou, d’un cardigan blanc sans manche et d’un bandeau orange. L’ensemble est dessiné par Jean Patou. Si la tenue est pour l’époque provocante, elle reste tolérée grâce à son élégance.
“Pour moi, il n’y a rien de plus ridicule qu’une robe de tennis pleine de fioritures inutiles” - San Jose News - 28 juin 1928
« In my opinion, there is nothing more ridiculous than a tennis dress with a lot of unnecessary trimmings »
expliquait Jean Patou en 1928 dans un article pour la News Enterprise Association. C’est sous ces augures que le couturier français a habillé Suzanne Lenglen. Né en 1887, il ouvre sa maison de haute couture et de parfum à Paris en 1914 et marque son époque avec des créations telles que le maillot de bain en tricot, le monogramme cousu sur les vêtements ou encore la « valise week-end », une garde-robe à emporter dont toutes les pièces sont combinables. Grand parfumeur, il crée aussi Joy : « Le parfum le plus cher du monde ».
Au début des années 1920, après avoir créé la tenue de Suzanne Lenglen, Patou comprend vite qu’avec l’essor des loisirs et des activités de plein air, un vestiaire plus adapté doit naître. Les femmes ont besoin de vêtements fonctionnels et simples, et non plus uniquement élégants. Il crée alors une ligne de vêtements de sport, avec pour désir d’habiller aussi bien les sportives que les femmes dans leur vie de tous les jours :
« La silhouette sportive c’est le chic absolu », dit-il.
Dans cet esprit, il ouvre en 1925 « Le Coin des Sports » au rez-de-chaussée de sa maison de couture, où chaque pièce est dédiée à un sport en particulier : la pêche, le tennis, le golf, l’aviation, l’équitation, et lance réellement la mode du sportswear.