« À l’époque dans la Cité Radieuse, comme du reste dans la plupart des édifices modernes, il y avait une affiche stipulant que celui qui voulait photographier le bâtiment devait envoyer ses photographies à l’architecte pour demander l’autorisation de publication. »
László Elkán (1910-2007), Hongrois naturalisé Français en 1937, appelé Lucien Hervé depuis son engagement dans la Résistance entre ainsi en contact avec Le Corbusier : il ose lui envoyer les 650 photos qu’il vient de réaliser autour et à l’intérieur de « la Maison du Fada ». Dans sa réponse, le fada en question n’ira pas par quatre chemins :
« Vous avez l’âme d’un architecte » !
Alors que la relation de Pier Luigi Nervi à la photographie vient d’être mise en lumière par Alberto Bologna, Lucien Hervé entre enfin au Panthéon des Photo Poche d’Actes Sud. Comme le rappelle Olivier Beer dans la préface à cet ouvrage, « le photographe quasi attitré de Le Corbusier » a souvent été invité dans les jurys d’architecture : « Pour les architectes, il est l’un des leurs. De l’œil de l’architecte, il est, pour ainsi dire, devenu l’architecte. »
Voyageur immobile, il livre en 1947 la fameuse série PSQF (Paris Sans Quitter ma Fenêtre). Puis, de Chandigarh à Brasilia, de Marseille à Nancy, c’est en véritable constructeur d’images qu’il court le monde et couvre les chantiers majeurs de la modernité. « Ce que je cherche, c’est la suggestion de l’espace » rappelait-il dans ses entretiens avec Hans Ulrich Obrist.
Pour nous en persuader, du 24 mars au 28 mai 2014, à Paris, la galerie Guillaume Ingert présente l’exposition « Le Corbusier / Lucien Hervé / Pierre Jeanneret : Regards Croisés » : une sélection d’épreuves gélatino-argentiques d’époque concernant essentiellement des reportages réalisés à Marseille et Chandigarh.
En espérant vous y croiser vous aussi...
Lucien Hervé, Équipe de tournage, Marseille, 1949. Épreuve gélatino-argentique d’époque. 164 x 160 mm.
Lucien Hervé, Façade ajourée, Chandigarh, vers 1955. Épreuve gélatino-argentique d’époque. 167 x 151 mm.
Lucien Hervé, Soubassements, Marseille, vers 1949. Épreuve gélatino-argentique d’époque. 172 x 153 mm.
POUR ALLER PLUS LOIN :
♦ Le catalogue de l’exposition organisée par la galerie Guillaume Ingert.
♦ Hans Ulrich Obrist, Conversation avec Lucien Hervé, Manuella, novembre 2011.
♦ Lucien Hervé, Photo Poche, Actes Sud, juin 2013.
♦ Olivier Beer, Lucien Hervé, l’homme construit, Seuil, 2001.