Werkplaats Typografie : bien en mesure

Écrit et illustré par Sophie Cure

Suite de notre saga “écoles hollandaises” à la Werkplaats Typografie.

Sur les quais d’Amsterdam, dans le majestueux bâtiment De Ateliers, les vingt étudiants de la Werkplaats Typografie, présentaient en juillet dernier le fruit de leurs deux années de recherche.

Supervisée par deux grands noms du graphisme hollandais, Karel Martenset Armand Mevis (à qui on doit, avec Linda Van Deursen, la nouvelle identité du renaissant Stedelijk Museum, cette formation dispensée à Arnhem a su asseoir son rayonnement dans l’éventail des masters européens de graphisme. Parmi les anciens étudiants, on trouve ainsi le typographe Radim Peško. Pendant ces deux ans, les étudiants développent leur pratique graphique personnelle mais se frottent aussi aux contraintes de la commande en travaillant régulièrement pour de réels clients..

Le long d’une table chronologique qui court de - 20 M av. J.-C. jusqu’à l’an 3000 sont exposés une foule de livres et de projets éditoriaux, de pages web, d’expériences, de films, d’affiches et de curieux objets, classés par dates. Celles-ci sont choisies selon des critères narratifs, techniques, historiques, voire anecdotiques.

♦ 20 millions av. J.-C. : Début de la visite.

Werkplaats Typografie

♦ 600 av. J. C. : Affiches de film, trompe-l’œil et autres illusions.

Werkplaats Typografie affiches

♦ 1914 : Les livres au cartonnage brut de la « Mary Shelley Facsimile Library », une collection d’ouvrages photocopiés relatifs aux recherches des étudiants. Ici, le fameux coup de dés de Mallarmé.

Werkplaats Typografie

♦ 1975 : Avec leur Narrowcasting Cabin, mini-station de radio qui n’émet qu’à une fréquence infime, Valentijn Goethals et Ine Meganck interrogent le statut des télécommunications à l’ère d’internet.



♦ 1988 : « Behind this wall in 1988... nothing happened » : c’est autour de cette phrase de déni, taguée à l’aérosol bleu par le graffeur Phat2 à Beyrouth sur le mur d’un bâtiment à l’orée des champs de bataille de la guerre civile libanaise, que se déploie la publication bleu outremer de Rutger de Vries.



♦ 2010 : Is this ? or is this ? : à partir de l’application mobile « MeetWays » (qui permet de déterminer le point de rendez-vous à l’exact milieu entre deux endroits distincts), Bosco Hernandez et Paulien Routs s’essaient à une composition graphique du même acabit.



♦ An 3000 : Fin de la visite.

Werkplaats Typografie l'an 3000

De cette succession de petits objets se dégagent un professionnalisme remarquable, de belles démonstrations graphiques, des projets intelligents et élégants. Pourtant dans ce cortège de livres et d’affiches, à part quelques exceptions, tout s’offre sur un même plan ; rien ne dépasse de cette mise en scène mesurée, sans effusions. Est-ce la contrepartie de la rigueur qu’exige le classement, quel qu’il soit ? Plongés dans la sobriété de ce climat bien tempéré, on se questionne, on cherche le frisson : où est la surprise ? La démesure ? Malgré la qualité manifeste des projets (on n’en attendait pas moins de ces étudiants de master), on reste un peu sur sa faim…

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SI VOUS AVEZ AIMÉ CETTE VISITE, VOUS AIMEREZ SÛREMENT AUSSI :

♦ Découvrir avec Strabic la Rietveld Academie d’Amsterdam.

♦ Ou encore la KABK de la Haye.

texte : creative commons - image : © Sophie Cure

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