Totalement autodidacte, Richard Buckminster Fuller a tour à tour été considéré comme inventeur, architecte, designer, théoricien, cartographe, géomètre, enseignant, activiste environnemental avant l’heure, ou encore touche-à-tout de génie. Buckminster Fuller refusait tout cloisonnement des disciplines et semblait prendre un malin plaisir à mettre à plat toutes les idées reçues.
Controversé et mal connu en France, Buckminster Fuller a cependant construit davantage que Le Corbusier, Walter Gropius et Mies van der Rohe.
SNYDER, Robert, Buckminster Fuller : scénario pour une autobiographie, Éditions Images modernes, traduction Didier Semin, 2004, p. 25
« Sans lunettes, je ne vois toujours pas les yeux des gens. Je ne distingue aucune ligne précise sur un visage, seulement des zones d’ombre et la couleur des cheveux.
Un jour, l’un des premiers que je passais à l’école maternelle, le maître nous a demandé de faire des constructions. Les autres enfants, qui avaient de bons yeux, savaient bien la forme qu’ont une maison ou une grange ; moi, avec ma mauvaise vue, je ne voyais que des masses - les lignes, la structure des choses m’étaient complètement étrangères.
Comme je n’y voyais rien, j’avais recours à mes autres sens, qui étaient particulièrement développés. Et quand le maître m’a demandé de construire quelque chose, j’ai voulu que ça tienne debout. En tâtonnant je me suis rendu compte que, contrairement aux autres formes, le triangle avait une bonne tenue. Les autres enfants construisaient des structures rectangulaires qui ne tenaient debout que grâce aux pois qui les maintenaient assemblées. Mon triangle à moi tenait tout seul. Le maître a appelé tous les instituteurs de l’école maternelle, mais aussi de l’école primaire pour qu’ils viennent voir ma construction triangulaire. Je me souviens avoir été très surpris de leur étonnement. Du coup, derrière toutes les formes, tous les processus de la nature, je me suis mis à soupçonner que se cachait une structure triangulaire. »
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