A l’heure où le design, poussé par l’adoption en cours par les écoles d’art du système L.M.D., tente d’acquérir une réelle autonomie disciplinaire, la question de la théorie est au cœur de cette actualité. Alain Findeli souhaite qu’elle soit élaborée et critiquée en interne, c’est-à-dire par les designers eux-mêmes et non plus exclusivement par les sociologues ou autres sémiologues. Deux livres traitant plus particulièrement du design graphique viennent de paraître et ils sont l’un et l’autre le fruit de graphistes émérites et passionnés de théorie.
Le premier, Le graphisme en textes, lectures indispensables, est une sélection de textes – réalisée par Helen Armstrong – écrit au 20e siècle par des graphistes aussi différents que El Lissitzky, Josef Müller-Brockmann ou Katherine McCoy. Préfacée par Ellen Lupton, cette publication est une aubaine parce qu’elle met à disposition du plus grand nombre un corpus de textes inédits traduits, pour beaucoup d’entre eux, pour la première fois en français.
Le second, Les 101 mots du design graphique à l’usage de tous, est un essai de Ruedi Baur, graphiste et enseignant à l’Ensad. Son objet, au-delà de la promotion d’un « design sincère », c’est-à-dire capable de dépasser les seules problématiques liées à la consommation, est d’aborder, comme son titre l’indique, les principaux mots, et parfois maux, du design graphique. Ruedi Baur écrit ainsi sur la question des supports, des normes, de l’enseignement, de la recherche, de la signalétique, etc.
On le voit à travers la publication de ces deux ouvrages – auxquels on pourrait ajouter celui, un petit peu plus ancien, d’Annick Lantenois intitulé Le vertige du funambule. Le design graphique, entre économie et morale –, la théorie appliquée au design graphique suscite un intérêt grandissant. Espérons qu’ils permettront au graphisme de gagner en reconnaissance.