Opéras-minute
Frédéric Forte

Article écrit par Sophie Cure.

En mai 2017, la maison d’édition Théâtre Typographique ré-éditait le recueil de poèmes de Frédéric Forte, Opéras-minute, initialement publié en 2005, date à laquelle l’auteur français rejoignait l’OULIPO. Cet ouvrage s’inscrit dans la longue lignée de la poésie visuelle.

Les Opéras-minute sont de petites formes textuelles, qui s’égrènent page à page. Chacun de ces poèmes est composé autour d’une ligne verticale qui dessine un espace scénique :

« Une scène et une coulisse séparées par une ligne verticale de 7,62 cm. Constantes garantissant l’intégrité de la forme, quelle que soient la qualité et la disposition des signes utilisés. Peut également “fixer” d’autres formes, et la sienne propre. »



Cette contrainte posée, Frédéric Forte orchestre sans lyrisme, motifs narratifs, rythmiques et poétiques, éléments d’interprétation vocale ou sonore, pictogrammes et calligrammes. Il joue autour de cette ligne, qui parfois se creuse, devient angle droit ou ligne de métro. La composition graphique suffit à produire le drame. Les mots se croisent, se superposent, se mettent en abyme, changent de direction, de corps, de graisse, de style ; ratures, dessins et pictogrammes viennent se glisser en contrepoint du texte composé intégralement avec la célébrissime Times New Roman – police proposée par défaut par le logiciel Word jusqu’en 2007. Est-ce là un choix typographique mûrement réfléchi ? Probablement pas. Il aurait été bienvenu qu’un designer graphique collabore plus activement à la mise en page, pour éviter quelques alignements un peu douteux et des espacements parfois étriqués. Malgré ces légères maladresses typographiques, cet ouvrage réunit de beaux poèmes à interpréter et de singulières partitions à lire… fortissimo ?

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