Graphisme en France, 1960
un portrait de famille

Le n°45 de la revue Esthétique Industrielle, publié à l’été 1960, était un ≪ spécial arts graphiques ≫. Quels acteurs, quels sujets et quels débats tramaient l’époque ? Extraits choisis.

Gérard Blanchard (1927–1998)
— Bases humaines du graphisme : du signe de l’homme à la marque

<p>sorcier chasseur du Basutoland</p>
I. Le signe magique : sorcier chasseur du Basutoland
<p>monnaie d’or de Ravenne (théodorat)</p>
II. La marque de propriété : monnaie d'or de Ravenne (théodorat)
<p>le signe de l’homme en Chine (sceau)</p>
III. Naissance de l'alphabet : le signe de l'homme en Chine (sceau)
<p>hiéroglyphe égyptien</p>
IV. Naissance de l'alphabet : hiéroglyphe égyptien
<p>filigrane du croisé sur un des premiers ≪ auvergne ≫</p>
V. La marque : filigrane du croisé sur un des premiers ≪ auvergne ≫
<p>bois gravé suisse sur sac de meunerie</p>
VI. L'enseigne populaire : bois gravé suisse sur sac de meunerie
<p>marque de l’imprimeur Simon de Colines (1540)</p>
VII. L'enseigne allégorique : marque de l'imprimeur Simon de Colines (1540)
<p>pour une association de consommateurs (E.R. Wogenauer)</p>
VIII. La marque moderne : pour une association de consommateurs (E.R. Wogenauer)
<p>le Modulor</p>
IX. Le Corbusier : le Modulor
<p>≪ couple ≫</p>
X. Lapicque : ≪ couple ≫
<p>1943 – Ch. Loupot</p>
XI. Marque Saint-Raphael : 1943 – Ch. Loupot
<p>1959 – Ch. Loupot</p>
XII. Marque ≪ Nicolas ≫ : 1959 – Ch. Loupot

Jean-Paul Brunel
— Photogravure industrielle d’aujourd’hui
≪ Dans la présentation graphique, la Lettre et la Forme ont […] une importance déterminante pour la lisibilité et l’intelligence du message. Mais sans le secours de la technique, sans les possibilités chaque jour élargies de la reproduction photomécanique, que serait la mise en œuvre préalable, patiente et harmonieuse ? Le créateur ne l’a-t-il pas conçue justement en fonction même de la traduction que les machines – intermédiaires indispensables entre lui et le support d’impression – en donneront ? ≫

Roger Excoffon (1910–1983)
— Étude fonctionnelle d’une lettre vivante (extrait d’interview)
≪ E.I. — Puisque nous sommes sous la rubrique "actualité de l’antique", comment ce problème s’est-il posé à vous ?
R.E. — Depuis le Futura et particulièrement depuis une quinzaine d’années, la typographie européenne est atteinte d’une sorte de secrète nostalgie linéale. Que ce soit pour une raison d’économie ou d’esthétique, ou parce que ce type de caractère est particulièrement demandé pour les notices industrielles qui représentent un pourcentage important des travaux d’impression, la demande a constamment précisé ce besoin de facilité sous sa forme la plus conventionnelle.
Nous voici en 1960. Les formes ont progressivement évolué. La convention de la lettre, depuis le moment où elle a pris naissance en quelques signes abstraits correspondant à des sons, a déjà largement évolué. Toutes les influences se sont manifestées successivement, bien souvent dues aux techniques (comme les empattements, par exemple) mais aussi en grande partie à des volontés d’ordre esthétiques, influencées elles-mêmes par la technique. ≫

Adrian Frutiger (1928)
— Une nouvelle typographie, l’Univers
≪ Construction de lettres.
Illusion optique conditionnant les rondes.
Proportions des h et de la hauteur du n par rapport aux hastés.
Coupure horizontale des lettres rondes dans toutes les graisses.
Caractéristiques fondamentales des types de la série UNIVERS. ≫

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Raymond Gid (1905–2000)
— Une micro-esthétique industrielle et sa suite
≪ L’esthétique est avant tout un choix. Ce choix, dans les arts graphiques se fait successivement dans les domaines les plus divers, la fin étant l’imprimé. ≫

—  La mise en page
≪ Typographe, j’ai une réputation établie de marchand de blancs. Ce n’est pas la riposte tardive à la traite des noirs. Mais notre époque cherche ses marges, comme elle cherche ses silences (n’a-t-on pas quelque part aux U.S.A., loué des disques de silence pour juke-box ?). Et il est plus vrai que jamais que dans le tumulte seul le silence donne quelque valeur à la parole en lui permettant de signifier. [...] la typographie est l’harmonie des blancs. ≫

Raoul-Jean Moulin (1934–2014)
— L’imprimé et sa matière
≪ Il n’y a pas si longtemps, l’imprimé retenait seulement l’attention du bibliophile, encore que celui-ci limitait volontiers son plaisir au papier, dont il appréciait la qualité entre le pouce et l’index. Maintenant, tout en continuant à s’adresser à chacun en particulier, par l’entremise d’une revue ou d’un livre plus ou moins luxueux, l’imprimé redécouvre le domaine public de la rue par l’affiche, en même temps que le pouvoir de l’image. ≫

Charles Peignot (1897–1983)
— Éditorial
≪ La "typographie" implique une science de la lettre et l’art de s’en servir. "Science", parce que la définition de la forme d’une lettre pose des problèmes de très haute précision technique. "Art", parce que le goût, la culture interviennent dans la succession des choix qui commandent la réalisation d’une typographie – choix de l’alphabet, puis de l’architecture de la page et celui des valeurs. ≫

René Ponot (1910–1983)
— Contagions de la Linéale
≪ On connaît les toutes dernières créations typographiques françaises : l’Univers, le Nord, l’Ile-de-France. Ce sont des linéales. Est-ce là un effet du hasard, ou au contraire cela correspond-il à une tendance généralisée ? ≫

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Pierre Le Roy
— Esthétique de la reliure industrielle
≪ Il faut penser "reliure" en choisissant la matière de recouvrement en fonction des moyens et du dessin qui ont été impartis. Il faut penser "reliure" en établissant la maquette, en fonction de cette même matière de recouvrement et des procédés de décoration que son choix implique ; il faut penser publicité, certes ; mais la publicité sera d’autant plus efficace que la reliure satisfera, dans un heureux équilibre, à deux catégories d’exigences ; celles qui résultent du but poursuivi et celles qui tiennent à sa nature intrinsèque. ≫

Maximilien Vox (1894–1974)
— De Lurs-en-Provence
≪ La typographie est un métier ancien et simple. Très simple. Aussi simple que de jouer du violon – mais guère plus… ≫

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