La Briche Foraine

Écrit par Audrey Lanne, photographies de Yann Mambert et Dominique Sesher.

Saint-Denis, portes de Paris. Un vivier artistique hors du commun : la Briche.

La Briche, c’est une ancienne casse de fonte, un site industriel non dénué de charme. Situé entre les voies ferrées et le canal de Saint-Denis, il distribue autour d’une grande cour commune plusieurs espaces, reconvertis en ateliers d’artistes. L’ensemble est vaste et étendu, et les ateliers multiformes. La configuration et le caractère des lieux a permis à ses occupants de se réunir, d’échanger et de s’approprier chaque parcelle de cette friche, en la réhabilitant au fil du temps.

La Briche Foraine

Espace de liberté

Les brichoux - résidents de la Briche - sont une cinquantaine d’artistes, artisans et bricoleurs, issus d’horizons divers : plasticiens, médecins, constructeurs, graphistes, designers, illustrateurs, comédiens, musiciens… Mais c’est avant tout une bonne bande de copains. Il y a quinze ans, les premiers s’installent, faisant aujourd’hui figure de patriarches devant la vague déferlante des sortants de l’ENSAAMA. Arrivée il y a trois ans d’abord en petit nombre, la petite bande s’est très vite agrandie avec les connexions de chacun.

La Briche Foraine

Investie dans un premier temps par des espaces de travail et ateliers à partager, la Briche est aussi devenue un lieu de vie en communauté, une véritable ruche sans reine mère, constamment en mouvement. Ici les valeurs humaines ont une importance toute particulière : le partage, le plaisir, la générosité et le respect sont les fondements du groupe. Ces qualités se reflètent clairement dans une manière de mener les projets communs. En plein cœur de la fourmilière de Saint-Denis, la Briche se présente comme un havre de paix, un interstice urbain en marge. La pluriculturalité de la ville, son échelle, ses vies de quartiers, sa politique sur les sujets socio-culturels et artistiques ont trouvé un écho dans la vision des brichoux à « habiter un lieu ».

Perspective alternative

Les projets naissent d’envies fortes et se fabriquent à partir de rien. Il y a ceux de chacun et ceux en communs. Il y a les projets artistiques, musicaux ou artisanaux, puis les actions communes pour l’amélioration des lieux, le vivre ensemble. Comme le nettoyage du canal, l’aménagement d’espaces végétaux et potagers, la fabrication d’un sauna, ou encore la mise en place de groupements d’achats alimentaires un peu à la manière de La Ruche qui dit Oui. Cette fédération autour de sujets divers continue à se développer dans d’autres domaines ou moments à partager. Parmi des personnalités impétueuses, la part d’individualité n’a pas été effacée au profit du groupe. Chacun apporte son aide, son savoir, ses connaissances, son réseau qu’il partage avec les uns et les autres selon les envies et les besoins. Chaque individu bénéficie de son droit de retrait, toujours sous le regard bienveillant de la communauté. Ici rien n’est figé. Aucune partition n’est écrite à l’avance, et entretenir le juste équilibre dans le fonctionnement du groupe demande de tout inventer, discuter et adapter au fur et à mesure.

La Briche Foraine

Énergie collective

C’est dans cette joyeuse ambiance qu’a éclos le projet de la Briche Foraine, le prétexte d’une grande fête entre copains pour fabriquer collectivement diverses attractions autour du thème de la fête foraine. Un moyen aussi pour les brichoux de développer leur savoir-faire, et donner généreusement un peu de bonheur, aux autres et à soi. Peter Pan avait son monde imaginaire, les brichoux, eux, ont leur Briche Foraine. Ils réinventent les codes de cet univers, avec ses freaks, ses attractions hautes en couleur, ses personnages délurés, ses machines à remonter le temps, ses costumes fantaisistes et ses décors délirants. Les brichoux nous font découvrir, le temps d’une fête, l’interprétation d’un monde meilleur autour du partage et de la solidarité. La Briche est le lieu de tous les possibles.


La Briche Foraine, deux jours d’attractions, ateliers, rencontres et concerts. Au 65 rue Paul Eluard à St Denis, à droite après le pont des voies ferrées. Les 24 et 25 mai 2014, de 12h à 20h le samedi, et de 14h à 19h le dimanche.

Texte : Creative Commons, images © Yann Mambert et © Dominique Sesher.

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