J’ai un fils qui fait des potions magiques et je fais la même chose, je mélange, je regarde et je cherche à provoquer mon propre étonnement.
Après les objets secrets de Judith Scott, c’est maintenant Michel Blazy qui s’empare de l’ancienne sacristie du Collège des Bernardins.
Artiste manipulant le vivant, l’organique, le pourri, le moisi et autres duvets douteux, Michel Blazy investit littéralement l’espace sacré avec des machines à mousse bien échafaudées qu’il faut sans cesse nourrir de savon, comme un animal de zoo jamais rassasié. Et la chose blanche grandit imperceptiblement, elle s’installe dans le lieu à tâtons, elle le fait sien. Sa bave striée, son écume cannelée dialogue avec l’architecture environnante. La chose transpire. La chose respire et diffuse une odeur inconnue dans la salle voûtée. Il y a du chien mouillé ou peut-être du lino en train de sécher, un sol qui viendrait d’être récuré. Tout cela semble ne pas avoir de poids et pourtant sombre. Tout cela semble appeler la caresse et pourtant fuit. Ça donne dans l’humide quand on attend le doux.
Aggloméré de toile d’araignée ? Gigantesque barbe à papa ? Fumées inversées ? Métier à tisser détraqué ? Cascade givrée ? Méduses échappées ? Monstrueux vers à soie ?
À chacun de se faire sa propre idée...
Michel Blazy, Bouquet final, Collège des Bernardins, 20 rue de Poissy, 75005 Paris, jusqu’au 15 juillet 2012.