Benjamin Mazoin, ENSCI, Paris, 2011.
Des objets réinventés à Cuba, jusqu’au Do It Yourself et au Hacking, il existe un grand nombre de pratiques d’« ouverture » d’objets par leur propriétaire, dans des buts et des contextes différents. Elles questionnent une logique alternative de production et de consommation.
Pour les désigner, je propose le terme « Objectomie » . Composé de « objet » et de « anatomie », ce mot me permet de faire une analogie entre corps et objets. On ne jette pas le corps lorsqu’il est déficient, on le soigne.
Totem est un système ouvert d’électroménagers de l’univers de la cuisine composé d’organes fonctionnels. Le cœur de ce type d’électroménagers est souvent un même mécanisme : un moteur ou une résistance chauffante. En décomposant ces objets en parties, il devient plus facile d’identifier une panne et d’isoler la partie pour la réparer ou la changer.
Cela permet également de déspécialiser ces appareils en proposant d’autres organes à greffer pour leur donner d’autres fonctions. Cette interopérabilité des éléments économise de la matière et permet d’adapter l’objet aux besoins et aux différentes temporalités de l’utilisateur. Cette dissociation permet également de consigner des parties particulièrement sujettes à l’obsolescence programmée, ou comportant des éléments toxiques, pour qu’elles puissent faire l’objet de traitement particulier.
Afin de permettre un suivi des organes constituant le système Totem et pour faciliter l’entretien, la réparation et l’échange, une plateforme en ligne est proposée. À la manière d’un un carnet de santé, ce site permet d’avoir une vue d’ensemble de ses objets, de leur historique et des possibilités d’usage. Le site ne commercialise pas seulement les produits Totem mais propose d’intégrer d’autres systèmes d’objets ouverts déjà créés. Ce projet permet à l’utilisateur de s’approprier des objets sur le long terme, en l’incitant à considérer l’ensemble du cycle de vie.