Sumos et robots, même combat ?

Écrit et illustré par Camille Belloc, à l’École Supérieure d’Art des Pyrénées.



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Ceci n’est pas un hybride entre la Valentine de Sottsass et Wall-e. La forme de cet objet est fonctionnelle et son utilisation sportive. Avec une terrifiante rampe, il terrasse ses adversaires. Protégés par une carapace, un engrenage efficace allié à un moteur propulsent ses roues. Cette machine est d’origine japonaise.


Les robots-sumos, des machines de combat

Le Japon est connu depuis les années 1980 pour ses innovations dans le domaine de la robotique. Construit artisanalement, le robot sumo est destiné au combat. Les participants prennent alors soin de le rendre robuste, puissant et performant afin d’en faire une véritable machine de lutte. Les combats de robots sumo sont encadrés par des règles. Ils doivent notamment être limités en taille et en poids, et ne pas pouvoir projeter d’objets. Les robots s’affrontent dans un cercle, et l’objectif est de repousser l’adversaire en dehors de cet espace. Pour cela, ils doivent uniquement utiliser la force de leurs roues. Basés sur les principes de la lutte des sumotoris, les combats de robots sumo ont cependant des différences.

Le sumo est un art martial dont la symbolique est forte, les règles sont strictes, le but de la lutte n’est pas de rendre l’adversaire KO. De plus le rituel qui précède l’affrontement est très élaboré, il repose entre autres sur des actions purifiantes, éloignant les mauvais esprits. La matérialité du corps est un point essentiel pour les sumos, leurs bras leur permettent de saisir l’adversaire, de le renverser au sol ou de le repousser du cercle. Le corps est un élément absent chez les robots dont l’apparence n’est pas humanoïde : leur forme est compacte pour plus d’efficacité dans le combat.



Face à cette performance technique lors de combats s’inspirant de la tradition
sumo, pourquoi les robots humanoïdes sont-ils toujours utilisés ?


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Les robots humanoïdes sont constitués de bras, de jambes et d’une tête. Wabot-1 est le nom du tout premier robot à marche bipède, il fut créé par l’université Waseda au Japon en 1973. Actuellement, la création artisanale de robots s’inspire de ces formes. Les robots réalisés sont maladroits, les coups projetés atteignent difficilement leur cible. Le spectacle est pourtant là. Tous les ans le championnat Robot-one est l’occasion pour les participants de montrer les qualités techniques de leurs créations. Le combat devient alors un prétexte de démonstration et de parade. Les règles sont différentes de celles de luttes sumos mais les principes sont proches. Il s’agit de combats fictifs où les coups sont réels, mais ne sont pas le sujet principal de l’action. Au début de la rencontre des combats de robots humanoïdes, les deux adversaires se saluent, les robots font un signe de respect, interprété comme un appel à l’affrontement.

La mise en scène est un aspect important des combats.


Dans le contexte de l’électronique omniprésente, il semblerait que la symbolique de la lutte traditionnelle soit déplacée dans les combats de robots humanoïdes. C’est une façon de s’approprier ces technologies en les habillant de symbolique ancestrale. D’une certaine façon les affrontements de robots humanoïdes sont des représentations de sumos en action. Leur forme est mal adaptée à la lutte, l’articulation de leurs bras rend les mouvements maladroits. L’intérêt des combats de robots sumo n’est pas la performance dans la lutte mais il s’agit plutôt de présenter les qualités techniques des machines. De par leur non-performance et le rôle de la mise en scène, les robots humanoïdes restent malgré tout liés à la tradition sumo.

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