La production du projet d’architecture se compose de deux champs : conception et fabrication. Suivant Herbert Simon, la conception architecturale représente un processus linéaire qui génère une solution par rapport à un problème donné. D’un autre côté, l’architecturologie selon Philippe Boudon modélise le processus de conception architecturale sous forme d’une série d’opérations cognitives, par lesquelles des formes des et mesures sont attribuées à l’espace architectural, faisant évoluer le projet. La coopération, la coordination et la collaboration sont un trio d’activités collectives à partir duquel on pourrait interroger la conception à plusieurs, sous l’angle de l’utilisation des outils collaboratifs web.

L’utilisation des outils web est un facteur important de la réalisation de projets architecturaux. Pensons au Transition Network, une communauté de mouvements locaux écologiques partageant sur les plateformes Wikipedia différentes solutions techniques, écologiques ou architecturales. Ou au projet Dreamhamar, dans lequel Ecosistema Urbano a organisé une série de workshops - en ligne et sur place - pour co-élaborer le projet de la place principale de Stortorget (Suède). Les participants ont utilisé des systèmes de vidéoconférence et des plateformes de publication pour coordonner le projet. Arquitecturas Colectivas, un réseau de groupes d’architecture et design, a aussi créée une plateforme en ligne permettant le transfert de fichiers, des chat rooms et des groupes de discussion pour coopérer et coordonner différents projets du réseau.

Ces outils influencent-ils vraiment la manière de concevoir notre environnement ? Comme l’ont montré Earl, Kimport, Prieto, Rush et Reynoso dans une recherche sur l’activisme en ligne, l’usage des technologies web a le potentiel de transformer fondamentalement le processus d’organisation collective. Dresser les profils des différents types d’acteurs (architectes, élus, habitants, experts, etc.) concernés par les processus de conception collective en architecture et utilisant ces services permettrait de mettre en évidence les impacts de ces services sur les projets. Par la suite, cette connaissance pourrait être utilisée pour le développement d’un outil pédagogique pour la conception collective. Pourrait-on créer un méta-outil de l’usage des services web ? Ou une plateforme de ressources pour le développement de nouveaux outils ? Recherche à suivre...

À LIRE SUR LE SUJET :

• Allwood J., Traum D. and Jokinen K. (2000), « Cooperation, Dialogue and Ethics », in International Journal of Human Computer Studies, 53 s. 871-914.

• Ben Rajeb S. (2012), Modélisation de la collaboration distante dans les pratiques de conception architecturale, phD thesis, MAP-MAACC, Paris.

• Boudon, P. (2004). Conception. Paris : Editions de la Villette.

• Earl J., Kimport K., Prieto G., Rush C.,Reynoso K. (2010), « Changing the world one page at a time : conceptualizing and explaining Internet activism », in Mobilization : An In-ternational Journal, no. 15(4), p. 425-446.

• Kvan T. (2000), « Collaborative design : what is it ? », in Automation in Construction, 9:4, July 2000, pp. 409-415.

• Lecourtois C. (2011), « Architecturological and epistemological research on collaborative design », in International Journal of Design Sciences and Technology, Volume 18 Number 1, Europia productions, p. 31-46.

• Mattessich, P. (2012, 3 6). Cooperation, Coordination and Collaboration Table. Consulted on 09.06.2013, on Conservation Gateway.

• Panitz T. (1997). « Collaborative Versus Cooperative Learning : Comparing the Two Definitions Helps Understand the Nature of Interactive Learning », in ERIC Clearinghouse.

• Simon H. (1991), Sciences des systèmes, Sciences de l’artificiel, traduction de Jean-Louis Le Moigne, Dunod.

• Terssac G., Friedberg E. (1996), Coopération et Conception, Octarès, Toulouse, pp. 123-135.