Strabic, en partenariat avec le blog Archipostcard de David Liaudet, vient de recevoir une troisième carte postale...
On raconte que l’architecte Claude Ferret était en pleurs lors de la destruction de son casino de Royan.
Nous pleurions et pleurons encore avec lui.
Le casino est souvent une architecture du front de mer. Objet architectural dont la fonction est entièrement tournée vers les plaisirs du jeu, de la musique, de la danse et de la fête. Il servait bien souvent dans la ville de « maison de la culture du balnéaire ».
Et le nom de la chanteuse Dalida sur la rotonde du casino de Royan résonne comme une saudade populaire aujourd’hui.
Il faut dire que Royan, exemplarité totale de la ville de bord de mer des années 1950 en France, a subi bien des détériorations dans les années 1980, décennie pourtant amoureuse de cette nostalgie. Le casino de monsieur Ferret offrait toute la panoplie du génie du bonheur de cette époque. Une architecture joyeuse, vive, pimpante, au plan et aux articulations parfaites.
Un cheminement dans l’ensemble de ses fonctions qui savait se terminer par un toit-terrasse, balcon sur le ciel et sur la conche de Royan. En quelque sorte une apothéose de l’architecture du balnéaire.
Les cartes postales sont nombreuses de ce casino et permettent à ceux qui fouillent de lire la programmation de l’époque, de voir que toute la France populaire venait y jouer. Il avait repris le rôle du casino d’avant-guerre qui était quant à lui une gigantesque meringue typique de cette période. La ruine du casino d’avant-guerre avait servi celui d’après-guerre qui n’eut finalement pas plus de chance car, à Royan, ce que la guerre n’a pas détruit, c’est l’absence de gestion de son patrimoine qui le fit.
La Poste de monsieur Ursault fut défigurée, le portique du front de mer fut détruit, les détails multiples des polychromies, des ferronneries furent ignorées, le Palais des congrès fut habillé d’un pan de verre qui occulte sa façade pourtant d’une très grande originalité. On pourrait presque faire de Royan le modèle de cette dégradation historique, des soubresauts du patrimoine : guerre, modernité, désintérêt, destructions, nouveau regard, réappropriation. Une histoire partagée avec Le Havre.
Aujourd’hui Royan redécouve son patrimoine, apprend à l’aimer, à le défendre. Ce n’est que justice pour l’architecture de cette ville. Il faut saluer ce sursaut et cette attention menés avec rigueur et attention par son équipe municipale. On raconte que la ville de Royan envisagerait la reconstruction du casino à l’identique.
On pleure d’optimisme à cette possibilité.
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