Nous sommes heureux de vous annoncer notre nouveau partenariat avec le blog Archipostcard de David Liaudet qui, à l’occasion de cette saison consacrée à la "modernité caliente", nous enverra quelques cartes postales depuis les plus belles côtes bétonnées de France.
Que donner à voir à un baigneur quand celui-ci encore ruisselant d’eau de mer se retourne vers la plage et regarde la terre ?
Comment dans cet espace poser une architecture qui devra maintenir l’illusion du sentiment de renouveau et en même temps dire clairement la modernité qui devra composer avec l’exotisme du déplacement du vacancier et son désir de confort, presque de rassurance ?
Il faut forcément une audace, produire une forme qui tout en étant un geste net et fort fournira un signe (et donc un lieu), permettra à l’idéal des vacances (vue sur mer, climat, espace et air pur) de se révéler et de s’affirmer.
La révolution de certaines de ces formes architecturales en France est d’avoir rompu avec le régionalisme et son éclectisme de bazar de plage qui ne manquait certes pas de fantaisie et même de poésie mais avait également une fâcheuse tendance à s’égaliser du haut des côtes normandes aux bas des côtes basques.
La Chambre d’amour d’Anglet en est un bel exemple.
Posé entre la terre ferme et la mer dans un espace qui n’est pas tout à fait la plage, le très imposant et puissant VVF forme à lui seul le paysage, le constitue à la fois dans le registre de la falaise, du paquebot échoué et même, osons, du mur de l’Atlantique.
Sa volumétrie très affirmée qui pourrait laisser croire à un bâtiment fermé forme un ensemble ramassé sur lui-même, un bloc à gradins qui semble descendre vers la mer. Le vocabulaire est bien celui du maritime, aussi bien celui du cargo, du navire de guerre que du frêle esquif ou de la charpente en bois retournée d’une barque de pêcheur.
Puissant, s’opposant aux éléments, ce VVF se veut courageux, tenant tête à la mer et aux vagues.
Mais les architectes de ce bâtiment (maritime) ont su regarder outre-Atlantique vers un architecte aimant la nature pour ses structures, ses espaces et ses solutions de circulation : Frank Lloyd Wright.
Pas de doute que les citations à l’architecture de ce maître sont ici évidentes. Peut-être également qu’Edmond Lay, qui a dessiné dans cette région bien d’autres hommages à l’architecte américain (notamment la Caisse d’épargne de Bordeaux-Mériadeck), avait su influencer à son tour les architectes d’Aquitaine Architectes Associés et messieurs Hébrard, Gresy et Percillier en particulier.
Ce qui fait architecture ici c’est l’acceptation du lieu, la franchise du rapport avec la topographie, une modernité radicale qui se loge dans l’articulation des fonctions et donc des espaces dont la visibilité des circulations verticales est le signe, presque une vigie. Les matériaux sont également choisis et maintenus dans leur origine : le béton est brut, le bois est nu, la pierre est sèche.
Et cette nudité, ce corps-à-corps est bien celui que cherche le vacancier. Retrouver un éden perdu dans des éléments qu’il croit libres.
Et même si Thouand, l’éditeur de cette carte postale, fait une faute d’orthographe au nom de l’architecte Percillier en l’écrivant Cercillier, son image réussit bien à replacer le VVF dans son paysage. Il faut tout voir et ne rien nier des espaces. Le phare répond parfaitement à la verticale du VVF, la falaise se prolonge sur ce dernier, le sable est de la même couleur que la construction.
Seules les couleurs des carrosseries des automobiles semblent encore nous dire l’étrangeté de ce qui se joue ici.
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