Pour le voir, il faut le vouloir. D’abord, il faut aller à Nantes (sous-entendu, quitter Paris). Ensuite, il faut quitter Nantes (en quelque sorte). Prendre un bateau (oui, car il n’y a pas de pont) comme pour partir en voyage, embarquement à la Gare maritime de Nantes pour un périple de… quelques minutes !
Nous voilà à Trentemoult. Drôle de nom ! Petit village de pêcheurs (y reste-t-il encore des pêcheurs d’ailleurs ?), sur la rive sud de la Loire, côté Rézé. Enfin, il faut aller au-delà du quai. Quai où le bateau dépose les touristes, quai de plaisance avec ses voiliers et ses restaurants, ses terrasses et ses moules-frites, quai certes fort sympathique mais où échoue et reste bloqué le commun des mortels. Une fois qu’on s’enfonce dans le dédale des ruelles "côté terre"… que de surprises !
Non seulement de vrais gens vivent là (!), mais on y croise aussi parfois de l’architecture moderne (plutôt bien intégrée) et même des reverse graffiti… ici.
Habituellement réservée aux sales murs des grands centres urbains pollués (cf. Paul Curtis dit "Moose" en Angleterre ou Alexandre Orion et ses crânes dans les tunnels de Sao Paulo), cette technique du tag "nettoyeur" est ici appliquée au banal crépis des petites maisons particulières.
Au détour de la Rue des roses trémières (oui c’est un vrai nom), au milieu des jardinières de tomates et des fenêtres garnies de géraniums, sont disséminées ça et là ces images murales, à la présence discrète et incongrue.
Par une sorte de mise en contraste réciproque, on se plaît alors à regarder autrement ces graffs, mais aussi le village, ses rues tranquilles et ses placettes domestiques. Comme si la confrontation, produite par ces petits éléments perturbateurs dans une ambiance idyllique, donnait un sens nouveau au lieu, en invitant à dépasser les clichés, qu’ils soient ceux de la grande ville trépidante et de ses graffs ou ceux du petit village et de ses modes de vies désuets. Comme quoi, tout est question de contexte.
PS : Toute contribution à l’identification du graffeur est bienvenue !