Une saison hollandaise
Si à Paris on ignore généralement ce qui se passe aux Pays-Bas, la réciproque, quoique dans une moindre mesure, est vraie elle aussi. Cinq cents kilomètres, cinquante minutes d’avion - le hiatus n’est pourtant pas irréductible !
Tel était le constat de l’éditorialiste d’un Opus international spécial Hollande publié en 1971. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la Venise du Nord, les frontières européennes se sont largement ouvertes et d’innombrables Thalys ont fait de tout aussi innombrables navettes entre la France et Amsterdam.
À leur bord ont transité divers voyageurs, touristes curieux, travailleurs en tout genre et surtout, Francollandais convaincus d’avance, des armées d’étudiants “Erasmus”. Ce programme d’échange, ne l’oublions pas, emprunte son nom à un fameux humaniste de Rotterdam - autre destination proposée au départ de la gare du Nord. Mieux qu’un quelconque tour-opérateur, il mêle au sens fort du terme ceux qui ne jurent que par le gouda et ceux qui ne sortent jamais sans une baguette de pain sous le bras.
Erasme n’aurait pas rêvé meilleur sandwich.
C’est dans cette perspective métisse et gourmande que Strabic lance cette nouvelle saison et par la même occasion se donne un nouveau défi : soulever des sujets plus pointus dans un temps plus court.
Ainsi, au cours des jours prochains, épaulés par notre envoyée spéciale Sophie Cure, c’est dans les hautes sphères graphiques de ces pays si bas que nous évoluerons.
À l’heure du numéro « spécial diplômes » chez Etapes et chez le néerlandais Items, Strabic commencera par ouvrir les portes des grandes écoles de design hollandaises et tâchera de comprendre ce qu’elles ont sous le capot. La parole sera ainsi laissée aux étudiants de la Gerrit Rietveld Academie, de la KABK ou encore d’ArtEZ.
Nous n’oublierons pas pour autant les grands graphistes contemporains. Nous toquerons à la porte de leur atelier et nous questionnerons leurs projets en cours, leurs influences, leur formation initiale, leurs éventuelles collaborations... On dressera ainsi des portraits (à l’huile bien évidemment) de sérigraphes, de typographes et de graveurs, d’hier et d’aujourd’hui.
Alors que le Stedelijk Museum fait peau neuve, on reviendra sur l’histoire polémique et mouvementée de son identité visuelle. Sandberg, Crouwel, Mevis & Van Deursen sans oublier Di Sciullo ou Pierre Bernard s’inviteront ainsi à notre table.
Enfin, en guise de balade digestive, on se laissera dériver dans la ville à grands coups de pédales. On pourra aussi prendre le traversier pour analyser son architecture générale depuis la terrasse du nouveau Eye Museum livré par le studio Delugan Meissl.
On songera alors nécessairement à la New Babylon de Constant et, en son hommage, on tâchera de réfléchir ensemble aux multiples moyens de :
Développer le décor de la liberté !
Met vriendelijke groet,
Strabic.